Entrevistando Matthieu Baumier, o mago de Recours au Poème: Poèmes et mondes poétiques.
Matthieu Baumier |
Matthieu Baumier gentilmente concedeu excelente entrevista ao Grupo de Estudos Literários Magrebinos Francófonos da Universidade de Brasília que quer também fazer parte desta aventura, orbitando com suas luas de poetas magrebinos de forma a compor o universo inédito de revistas-supernovas em expansão! Paralelamente à entrevista seguem os poemas de Matthieu Baumier, em seu novo livro Le silence des pierres, (Editions Le Nouvel Athanor).
É com prazer que convidamos a todos a mergulharem na entrevista com Matthieu Baumier, para que, inspirados, saiamos em busca de mais poesia e sua divulgação generosa e ad infinitum, como é o destino das plêiades e dos que amam a poesia e a compõem nos planos intemporais dos silêncios inconsúteis.
Com a palavra pois, o mago.
Boa leitura a todos!
Boa leitura a todos!
Cláudia Falluh: Matthieu Baumier vous êtes
poète et éditeur. On vous invite à parler un peu sur la création de la revue Recours
au poème au public brésilien. Comment est née cette idée, et comment est-elle
reçue en France et ailleurs.
Matthieu Baumier: Recours au Poème est né au mois de mai 2012, en France.
C’est une idée de mon ami, le poète et directeur du magazine Gwen
Garnier-Duguy. Nous nous connaissons depuis longtemps, avons déjà mené des
projets en commun et avons beaucoup de choses, de visions, de volontés en
commun. Le magazine est né d’une insatisfaction : nous ne nous
reconnaissions pas dans la situation poétique française. Pour plusieurs
raisons. Il nous semblait que le monde des revues fonctionnait en petits
groupes, sur la base de relations… Nous ne voulions pas de cela. Nous voulions
un magazine ouvert. Nous voulions aussi un lieu de création indépendant des
éditeurs et de l’Etat (subvention). C’est le cas. Recours au Poème ne doit économiquement rien à personne.
D’ailleurs, nous ne vivons pas de l’édition : Gwen Garnier-Duguy et moi
avons des « petits boulots » qui nous permettent de vivre, et nous
faisons ce magazine en plus. Nous voulions aussi un espace dynamique et
régulier : c’est pourquoi Recours au
Poème est un magazine hebdomadaire. Nous le voulions international, c’est
le cas. Car le milieu de la poésie française nous semblait un peu fermé sur
lui-même. Bien sûr, il y a des traductions de poètes étrangers… Mais cela ne
suffit pas, nous voulions et voulons un lieu vivant dans le présent, en phase
avec la création poétique qui se fait maintenant. Nous sommes cependant un
magazine fondé en France et nous publions beaucoup de poètes français.
La réception est excellente. Jamais aucun magazine ou aucune revue de
poésie n’a été si lue en France. Ici, une revue trimestrielle peut compter sur
300/400 lecteurs réguliers… Nous atteignons en moyenne près de 10 000
lecteurs, je parle de vrais lecteurs, pas de « clics » sur internet,
par mois. Nous sommes vite devenus un des lieux poétiques majeurs en France, et
sans doute en Europe.
Mais, concernant la raison d’être,
disons intellectuelle, de Recours au
Poème, le mieux est que je vous confie la note d’intention que nous avons
diffusé à l’origine :
“Recours au Poème est un
magazine international de poésie publié on line. Nous considérons que le retrait de la
poésie est une apparence. En réalité jamais le Poème n’a eu de rôle aussi important dans le
monde qu’en cette époque troublée.
Nous
voulons rassembler avec l’aide des technologies de la modernité ce qui est
poétiquement épars, en différentes langues, dans un magazine diffusé à
l’échelle mondiale, publiant des poètes venus de tous les horizons, de toutes
générations, de toutes notoriétés, en un geste décisif : le geste poétique.
Il s’agira de mettre sur le devant de la scène ce qui en forme la pierre
d’angle :
Le Poème
Il n’est aucun
humain en dehors du Poème et c’est à ce dernier qu’il convient d’avoir recours
si nous souhaitons
être
frères”
C’est cela, Recours au Poème et
franchement je pense que c’est pour cela que le magazine est un franc succès.
Cláudia Falluh : La revue Recours au poème et toute l’énergie
créative qu’elle porte en elle est en contrepoint avec votre poème « Ils
n’existent pas, les poètes... ».
Je vois la revue et le poème comme deux systèmes en abyme, pourriez vous
developper cette reflexion ?
Matthieu Baumier: Techniquement, le magazine publie des poèmes, des essais, des entretiens,
des chroniques régulières de poètes, des lectures de recueils… Cela demande en
effet pas mal d’énergie. Nous avons peu à peu fédéré un ensemble d’amis qui
travaillent avec nous. Mais concrètement, la revue est construite par Gwen
Garnier-Duguy et moi. Nous sommes des passionnés de poésie, un peu fous de
mener une aventure pareille mais c’est tellement vivant ! En particulier
en ce qui concerne l’entrée en relations amicales avec des poètes du monde
entier. Mais je vais en venir précisément au sens de votre question.
En effet, Recours au Poème est à
la fois cela, un lieu géographique et technique qui publie et défend des
poésies s’écrivant aujourd’hui, mais aussi autre chose : nous ouvrons nos
pages à toutes les formes de poésie que nous ressentons subjectivement comme
étant authentiques, et nous tenons absolument à cela. Nous ne croyons pas aux
vérités instituées. Mais, au centre de ce travail d’ouverture, nous défendons
ce que nous pensons, nos convictions en matière de poésie. C’est ce que l’on
peut ressentir en lisant les écrits de Paul Vermeulen ou Christophe Morlay. Ainsi
que l’œuvre de certains poètes que nous défendons en particulier. Je ne vais
évidemment pas tous les citer mais on comprendra mieux si je dis ceci :
nous défendons une vision de la poésie que Paul Vermeulen qualifie de
« poésie des profondeurs ». Pour nous, la poésie est plus qu’un
simple acte littéraire. Nous pensons même qu’elle n’appartient pas au
champ de la littérature. Elle est un acte sacré, reliant le présent de nos vies
à celui de toutes les vies passées. En même temps, la poésie et les poètes
sont, de notre point de vue, reliés au Poème en tant que lieu même du sacré.
Attention, je ne parle pas ici de religion, sinon au sens originel de ce mot (religare). Je parle du sacré comme étant
ce qui relie l’ensemble des parties dispersées de ce qui est la vie. En ce
sens, le sacré est ce qui est plus important que vous ou moi : l’ensemble
dans lequel nous sommes inscrits. Le Poème est ce en quoi nous vivons, et en
même temps ce qui vit en nous. Cela respire. Et l’expression poétique profonde
est, à nos yeux, celle qui plonge loin en dedans du poète et simultanément loin
en dedans de ce Tout qui est la vie. Nous ne sommes évidemment pas les seuls ni
les premiers à concevoir la poésie ainsi : on pensera à des poètes, par
exemple, comme Juarroz, Valente, Daumal, Paz… Vous voyez, un seul français
parmi ceux qui me viennent spontanément à l’esprit. Cela dit assez pourquoi Recours au Poème ne peut être
qu’international. En tout cas, voilà ce que nous nommons « poésie des
profondeurs », l’axe que nous défendons au sein du magazine tout en
demeurant ouverts à des poésies extérieures à cette vision. Car nous pensons
que l’existant n’est que dans le miroir de l’autre.
Pour revenir à la citation que vous faites de l’un de mes poèmes, oui, vous
avez raison. Nous sommes clairement et ouvertement, sans fausse modestie,
animés de l’état de l’esprit poétique, et nous agissons en tant qu’éditeur
parce que nous sommes des poètes. Ainsi, l’action qui produit le magazine est
pour nous un acte poétique. Recours au
Poème est un acte poétique en dedans du Poème. Nous avons un petit côté
prophétique qui énerve parfois en France mais que nous assumons
pleinement : nous savons que le Poème est la chance du monde, encore plus
dans ce monde-ci. La poésie et les poètes sont l’avenir de l’Homme. On le
percevra mieux dans les temps de la grande catastrophe à venir, celle que le
monde prosaïque dans lequel nous sommes plongés, où la Technique est devenue
une sorte de divinité uniformisatrice, est en train de produire, avec le
soutien de très nombreux collaborateurs humains.
Cependant, le poème que vous citez n’est pas à l’origine du magazine. Par
contre, ce sont bien deux poèmes qui ont donné naissance à Recours au Poème. L’un de Gwen Garnier-Duguy, l’autre de moi. En
les lisant, vous comprendrez pourquoi :
C’est l’acte de naissance de Recours
au Poème. Le premier « texte » publié.
Ce qui est absolument extraordinaire et plein d’Espérance, c’est que nous
sentons combien cette aventure était attendue et nécessaire. Il y a un besoin
immense de ce sacré qui est constitutif du Poème dans lequel nos vies sont inscrites.
Nous étions dans un temps d’oubli de l’être. Ce temps, pour nous, est révolu.
Et c’est ce qui tend à apparaître. Nous sommes heureux de pouvoir apporter
notre pierre à cet édifice en reconstruction. L’heure est au grand dévoilement
du réel.
O poeta Gwen Garnier-Duguy |
Cláudia Falluh: Actuellement, surtout dans
un pays comme le Brésil, les revues et les éditions de poésies sont rares et
extremement fermées, ce qui fait que les poètes qui débutent dans le terroir
des « muses » ne trouvent pas d’espace car les îcones poétiques
dévorent et se répètent sans cesse dans le manque d’originalité et le peu d’audace
des éditeurs de nos jours. Comment
voyez-vous cette situation ?
Matthieu Baumier: La situation que vous évoquez est la même en France et d’après les échos
que nous avons, dans bien d’autres pays. La fin du 20e siècle a vu
la mise en place d’une forme d’oligarchie, partout. Souvent au nom de jolies
valeurs… Ces oligarchies uniformisent nos modes et nos conceptions de la vie.
Cela se ressent et s’est imposé aussi dans tous les espaces artistiques. Plus
encore, peut être, dans les espaces artistiques qu’ailleurs puisque l’art est
par essence l’ennemi de ces oligarchies uniformisatrices. De quoi
s’agit-il ? D’une lutte qui, pour n’être pas nouvelle, est cependant
aujourd’hui exacerbée entre l’Etre et l’avoir. Nous sommes du côté de l’Etre.
Comme la poésie. L’art en général. Jamais l’art n’a autant été un acte de
résistance. Pas parce qu’i l s’avancerait en s’affirmant résistant ou
politique, ou engagé… Simplement, pour ce qu’il est par nature : l’ennemi
essentiel du monde dans lequel on veut nous faire vivre, ce monde que le
philosophe Guy Debord qualifiait de Spectacle. Un monde ou l’image du réel
devient progressivement le réel. Mais tout cela n’est… qu’une image fausse
justement. Il suffit de soulever le voile un instant pour s’en apercevoir. Ce
monde construit par des malades mentaux, fondé sur l’exploitation des âmes par
l’avoir et le désir, ce monde n’existe pas en réalité. Il prétend à
l’existence, bien sûr. Du coup, pour exercer un pouvoir sur nos Etres, il faut
à ce monde une propagande quotidienne et une forme d’uniformisation
totalitaire… Cependant, derrière les apparences, ce monde faux a déjà perdu.
L’Etre ne perd jamais la partie.
Et
les églantiers sont en retard
C’est
la crue des cadavres.
Il
y a bien une lucarne, là-haut
Mais
l’échelle s’est absentée
Et
des herbes muettes
Envahissent
le chemin.
Il
y a bien des hirondelles, là-haut
Et
le tracé invisible d’un signe
Dessiné
à tire d’ailes
Mais
la coulée des orages vacille
Eh
bien !
Il
en faut du courage, au Dit du Poème
Pour
s’emparer encore d’un morceau de monde.
******
Quand
les tailleurs ensemençaient
Le
bris du visible
Frappaient
et coupaient la pierre
Accueillaient
la confidence des édifices
Ils
parlaient
À
l’illusion bleutée
De
la Terre répudiée
Que
sont devenus
Les
compagnons de l’Aurore ?
Il
faudra bien que tout se taise
Pour
qu’un son de pierre
Encore
retentisse
De
nos rêves exilés
Dans
la mémoire des abeilles
******
La
pierre de Lune
Jaillit
d’une source noire
Pour
écrire la terre
Dans
le ciel du Poème
Elle
franchit le bruit des dunes
Éloigne
la cambrure des rochers
Et
la pâleur des sanctuaires
Vient
toujours le moment
Où
l’ombre se déplace
Et
envahit le silence du soir
Il
pleut alors des rescapés
C’est
la fin de l’instant
Le
présent à marée haute
Por Cláudia Falluh.
Nenhum comentário:
Postar um comentário
Assine nosso Livro de Visitas!