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Brasília, DF, Brazil
Cláudia Falluh Balduino Ferreira é doutora em teoria literária e professora de literatura francesa e magrebina de expressão francesa na Universidade de Brasília. Sua pesquisa sobre a literatura árabe comunga com as fontes do sagrado, da arte, da história e da fenomenologia em busca do sentido e do conhecimento do humano.

quarta-feira, 11 de junho de 2014

Entrevistando Tahar Ben Jelloun : "A felicidade não precisa da literatura..."


O Grupo de Estudos Literários Magrebinos da Universidade de Brasília tem a satisfação de apresentar entrevista inédita com o escritor marroquino de expressão francesa Tahar Ben Jelloun.

     Tahar Ben Jelloun é um dos mais célebres e laureados escritores magrebinos de expressão francesa da atualidade. Apresentá-lo é percorrer dunas e dunas até um oásis, e no oásis, está a obra o âmago de sua construção literária, em restauradoras páginas de geniais narrativas, ainda que embebidas de um certo suor frio...
    Uma das exclamações mais intrigantes deste escritor sobre sua própria obra é quando diz "eu não comecei fazendo poemas de amor". Os primeiros poemas de Ben Jelloun foram marcados pela "ânsia de denunciar a mentira e a traição", referindo-se aos movimentos de repressão pelos quais passava o Marrocos naqueles anos 1967, ano em que o autor foi detido pelas forças de Hassan II. 
     Como entender que esta declaração sobre um momento da juventude possa ter marcado o principio de uma longa carreira? Pois no correr das águas, ou no folhear dos mais de trinta romances, a ausência das relações amorosas regradas pela harmonia e pela felicidade é notável. São os frutos do princípio que se espalham: a ausência do amor e de seus interlúdios felizes estão fora das páginas. Em seu lugar gritam o medo de amar, a recusar à entrega lúdica e apaixonada, surge a visão da mulher marroquina tanto como vítima e como algoz, como aracne que trucida amantes e maridos. Estes são os traços presentes na estratégia que guarda, espreita e ataca, que é a obra de Ben Jelloun, ainda que o autor crie também meninas sereias, que nascem da espuma do mar, mulheres que são ninfas, fadas e míticas imagens do mundo. Na obra de Ben Jelloun o amor se faz raro... Mas qual a razão? O autor explica nesta breve porém exclusiva entrevista que nos concedeu.


Cláudia Falluh e o escritor Tahar Ben Jelloun em entrevista inédita.

Cláudia Falluh - Votre travail est plein de référeces à l’amour entre l’homme et la femme à partir d’histoires où le bonheur est rare, voire éphemère et la perfide et la peur d’aimer sont présent comme de lourds élements de rupture mais aussi de rythme. L’amour est vu comme un fardeau ou une peine et le bonheur conjugal une ironie macabre?

Tahar Ben Jelloun - Le bonheur n’a pas besoin de littérature. Ça se raconte en quelques lignes ; il vaut mieux le vivre que l’écrire. Le romancier est celui qui fouille dans les bas fonds de la société et décrit ce qui empêche le bonheur. La littérature existe à cause de l’insatisfaction et autre frustration. Elle a ses limites et ne règlera pas les problèmes du couple par exemple, mais elle aidera à mieux comprendre les mécanisme de la stupidité humaine, de la lourdeur des prétentions et du rapprochement avec les énergies du Mal. Alors les rapports entre l’homme et la femme sont rarement sereins et clairs. Souvent l’un des conjoints se soumet dans l’espoir de contenter l’autre, or c’est le meilleur moyen de la perdre. L’amour n’aime pas la résignation, au contraire il se nourrit de conflits. Cela dit, le mariage n’est pas forcément l’ami de l’amour. On fait tous cette confusion entre les sentiments forts et le contrat social d’unir deux solitudes.

C.F -  Quel est l’espace amoureux dans vos écrits pour les êtres qui ont hâte d’être aimés mais, hesitants sinon témeraires et reculent devant la perspective d’aimer?
TBJ - L’espace amoureux existe dans mes romans mais il n’est pas essentiel. Encore une fois le bonheur dans la conjugalité ou ailleurs fait de la mauvaise littérature.

C.F - Parlez nous de la femme et cette femme moitié sorcière moitié humaine présente dans vos romans.  Vos héroines sont des representations de la rationalité islamique envers le féminin. Vos romans sont le mode definitif dont vous voyez la femme ?
TBJ -Quelqu’un m’a dit un jour « pour vous il n’y a que la maman et la putain ». C’est exagéré. Entre l’amour filial, la force irrationnelle de cet amour et la femme qui n’a pas d’affects, il y u un gouffre. Dans mes romans, petit à petit l’épouse est apparue. Elle est malmenée par sa condition de femme musulmane dominée par l’homme qui a tellement peur de la femme qu’il la couvre den haut en bas.
Dans « l’homme rompu » elle joue le mauvais rôle celui de la femme jalouse des voisines qui se font gâter par leurs maris corrompus. Elle ne comprend pas la résistance de son mari qui refuse par tous les moyens de toucher des dessous de table pour autoriser une construction illégale. En même temps ce mari rencontre une autre femme qui met les valeurs au-dessus de l’argent. C’est toujours complexe.

4 -Parler de littérature post-coloniale est devenu obsolete après les printemps árabes?
On attend tous le chef d’œuvre que produira le « printemps arabe », car il n’y a de littérature forte sans un grand malheur une tragédie derrière. Ce sera forcément un roman écrit en arabe, car ce sont aujourd’hui les Syriens qui vivent l’enfer et qui voient tous les jours leurs proches mourir, assassinés par un salaud.

5 - Existe-t-il une vie pour l’écriture après le roman “L’Ablation”? (Gallimard 2014) C’est un roman qui a surpris le public et surprise extrême.  Est-ce cela, l’acte de surprendre le lecteur un bélier ou bien une goute d’eau, sur le front d’un dormeur?

« L’ablation » a été une épreuve nécessaire pour avancer en littérature. Ecrire sur la maladie et la mort est une façon d’aller de l’avant. Ce n’est pas un livre facile, mais ce coup de tonnerre dans le calme plat de la vie, est utile pour des milliers d’hommes et de femmes qui doivent un jour ou l’autre affronter la maladie. C’est un livre sans concession, sans douceur, sans gentillesse ; c’est de la littérature pure, c’est-t- à dire directe, franche, cruelle.
Après ça j’ai écrit à la manière orientale des Mille et Une nuits les contes de Charles Perrault. Une façon pour moi de sortir de la noirceur et m’amuser en racontant des histoire à dormir debout !